Couvrez cette décharge que je ne saurais voir

Jours 199 à 205 – Mercredi 9 à mardi 15 novembre 2022 – Calama, San Pedro de Atacama, Copiapó, Vallenar, Huasco, La Serena, Vicuña – Chili

Ma musique “mémoire” du lieu et d’une rencontre au cours de ce voyage que j’espère un jour revoir une fois guérie.

Le désert d’Atacama

En arrivant à San Pedro de Atacama, difficile de trouver les habitants tellement la population y est touristique. En me motivant à faire du porte à porte, j’ai beaucoup de mal à trouver un logement accessible pour mon budget. Je pensais rester quelques jours mais le lieu est tellement tourné vers le tourisme et le vidage de portefeuille quand j’observe les prix de la moindre excursion que j’ai déjà envie de partir.

Les alentours de la ville située au cœur d’une oasis

Je trouve un dortoir pour cette première nuit. En faisant la rencontre de José via Couchsurfing, l’envie de partir se calme un peu. Je loue un vélo pour aller faire un tour jusqu’à une lagune plus chargée en sel que la Mer Morte. La route de terre et de bosses laissera un doux souvenir à mes fesses et mon dos mais ces 50 km sous la chaleur écrasante vaudront l’expérience.

L’immersion dans cette grande mare sera impressionnante d’autant que la profondeur est insoupçonnée avec plus de 18 m impossible à atteindre. Je tente malgré tout de m’enfoncer à plusieurs reprises mais sans réussir à pousser plus loin que les 30 premiers centimètres. La quantité de sel laissée sur la peau requiert de ne pas rester plus d’une demi-heure et de ne pas immerger la tête pour éviter toute déshydratation (oups). Le sel me laisse une seconde couche de peau blanche et croustillante dont je m’empresse de me débarrasser à la douche (absolument gelée) sur place.

Logé une nuit chez José, nous en profitons pour repartager quelques verres dont la fameuse boisson chilienne à base de pisco et de coca appelée piscola. Travaillant dans le tourisme, il m’explique que depuis janvier, les prix ont été quadruplés par les agences et les parcs locaux. Pour l’instant, les touristes semblent continuer à payer et le territoire ne s’en plaint pas !

Avec le coup de main de mon hôte, je suis invité à visiter de nombreux geysers ainsi que quelques flamands roses sauvages. Ce sera l’occasion de voir sur place une centrale géothermique en parallèle des nombreuses centrales solaires et parcs éoliens que j’ai pu observé les derniers jours. Et j’avoue qu’un peu d’énergie verte fait plaisir à voir ! Cette centrale en plein désert sert à alimenter les mines voisines, un peu verdies même si le principe de mine propre semble être une utopie. Je profite pour partager une vidéo passionnante et vulgarisée sur cette question de l’exploitation minière et de ses enjeux sur le XXIe siècle.

Le désert d’Atacama n’est pas uniquement réputé pour ses paysages mais aussi pour être la poubelle du monde. En effet, le Chili s’est fait expert en commerce de seconde main et les marchandises ne trouvant pas preneur en arrivant au port d’Iquique (à proximité du village fantôme d’Humberstone) sont abandonnées. On y retrouve notamment des dépôts de carcasses de voitures et 40 milliers de tonnes annuelles de vêtements dont une partie est encore neuve.

Tiens, je me demandais justement où allait ce camion !

Reconnaissant de pouvoir observer les conséquences de notre mode de vie à la consommation rapide, j’aimerais pousser plus loin ce type de voyages en prenant le temps de m’attarder sur des régions touchées par différentes formes d’exploitations, par exemple les anciens forages pétroliers, sur de prochains voyages.


Le désert fleuri

Lors de mon entrée au Chili, un phénomène rare a lieu dans le désert, un peu plus au sud. Avec la forte quantité de pluies due à la Niña cette année, cela a permis la manifestation de millions de fleurs dans des terres habituellement désertées de vie.

Saisissant l’opportunité de voir ce désert fleuri, j’arrive à Copiapó après une quinzaine d’heures de transport. Cherchant des informations sur place, j’apprends qu’il vaut mieux me rendre encore plus au sud, à Vallenar. Trois heures de bus plus tard, je tombe par hasard sur une guide touristique qui me conseille d’aller cette fois sur la côte pour espérer trouver depuis le village de Huasco un moyen de me rendre dans le parc où le phénomène est encore visible. J’arrive donc en milieu d’après-midi et j’interroge la mairie, les commerces et les taxis. Impossible de trouver quelque solution hormis un trajet en taxi au prix exorbitant.

J’accepte donc de prendre ce moment hors des sentiers battus pour me reposer et me balader sur les bords de plage à observer une espèce de lions de mer bien plus grassouillette que celle rencontrée sur l’archipel des Galápagos. Je discute avec les locaux qui m’expliquent qu’ils aimeraient rendre le lieu plus vivant et attractif mais qu’une centrale thermoélectrique fonctionnant au charbon pour produire de l’électricité rejette de nombreux polluants contaminant toute la zone côtière et rend difficile le quotidien des locaux (pêche, eau potable, etc.).

Je me mets le lendemain en route pour atteindre Vicuña, une petite ville à la superficie étendue au sud du désert réputée pour ses vignes et sa production de pisco. Après trois bus et un petit-déjeuner partagé avec un chien aboyant face à son ombre, j’apprécie de voir apparaître enfin de la verdure. Sur la route, j’ai la chance d’avoir un aperçu du désert fleurie qui défile à ma fenêtre. Comme quoi, la chance sourit décidément aux esprits qui s’y sont préparés.

N’ayant pas pu faire de photo d’une bonne qualité, voilà un aperçu dérobé sur le net.

Balade dans les vignobles de Vicuña

Accueilli par Valeria qui m’héberge pour la nuit, mon hôte Couchsurfing m’emmène partager une bière sur un point de vue dominant la vallée. Durant mon séjour, j’aurai l’occasion de partager d’agréables conversations avec elle notamment sur l’indépendance féminine dans les pays latins.

Exerçant son métier de vétérinaire chez elle, elle me demandera durant mon séjour un coup de main pour injecter un traitement par intraveineuse à un petit chiot. La détresse de cette petite bête me confirmera que cet univers n’est vraiment pas le mien. C’est confirmé quelques minutes plus tard où elle me propose d’assister à la castration d’un chat. Devant les pompons de la bestiole les quatre fers en l’air et les ciseaux dans les mains de Valeria, ma tentative d’y assister s’arrête là ! Décidément, ce voyage regorge de surprises.

La chaleur est étouffante ici alors je décide très intelligemment d’aller me balader dans les vignobles en louant un vélo chez Adeline, française ayant fait un voyage similaire au mien et étant restée sur place après y avoir rencontré l’amour. Je prendrai d’ailleurs un grand plaisir à partager avec elles des récits de voyage et à me surprendrai rêveur à imaginer vivre son histoire.

Durant ma balade, je visite une distillerie artisanale. Afin d’obtenir un Pisco de qualité, plusieurs étapes sont à respecter. Après la récolte du raisin, les fruits sont passés pour en faire du jus puis vient le moment de la fermentation. Le sucre disparaît peu à peu et laisse place à l’alcool. L’étape de la fermentation transforme tout d’abord les raisins en vin puis après distillation donne le Pisco que nous connaissons. La seule différence avec l’aguardiente, célèbre en Colombie, est qu’ici la peau n’est pas conservée.

La boisson fera toujours moins de 50°C pour avoir l’appellation. Dans cette entreprise, on ne gardera que le « cœur » de la distillation pour faire dans la qualité. La partie en surface et le fond seront extraits et revendus à une autre entreprise pour faire des cocktails à base de Pisco. Après une seconde voire une troisième distillation, on laisse la boisson reposer 60 jours dans des fûts en bois inactif pour la garder transparente. Si on cherche une couleur marbrée, on utilisera un autre type de bois. Cette étape permet l’oxygénation. En achetant une bouteille avec un bouchon qui se visse, on peut savoir que c’est un produit fait pour être consommé rapidement puisque l’alcool peut s’évaporer plus facilement.

Je termine le tour après une évidente dégustation. Sur le chemin, il m’est possible de faire la visite de la plus grande distillerie de Pisco du pays et d’une brasserie locale. Et non, mauvaise langue, je ne m’y suis pas arrêté au risque de terminer ma balade en slaloms. La vitesse de ma monture me fait d’ailleurs rater les restaurants locaux fonctionnant à la cuisine solaire. Mazette !

Je conclus mon séjour par l’observation du ciel nocturne, très réputée par ici. Avec un télescope télécommandé, j’ai la chance d’observer ce qui se présente au-dessus de ma tête comme jamais.

L’aperçu de Saturne et de ses anneaux
47 Tucanae ou du Toucan, l’un des plus gros amas globulaires de notre galaxie et l’un des plus lumineux.
Le grand nuage de Magellan, un galaxie naine assez incroyable dans ses couleurs.
Jupiter et ses satellites
La Galaxie Messier 7 (M7), l’un des amas stellaires ouverts les plus vastes du ciel et peut aisément être repéré à l’œil nu.
Andromède qui contiendrait mille milliards d’étoiles, 2 à 5 fois plus que notre galaxie. Prétentieuse.

Allez, retour sur Terre et direction les maisons colorées de Valparaíso sur la côte à l’ouest de la capitale.

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