Jours 290 à 293 – vendredi 7 à lundi 10 juillet 2023 – Antigua, Guatemala – Guatemala
Antigua, aux façades colorées et à l’architecture coloniale, se démarque rapidement par le nombre de ruines en son sein. Causées par deux tremblements de terre en 1773, elle a perdu son statut de capitale du Guatemala. Aujourd’hui, elle est l’échappatoire de nombreux citadins pour les fins de semaine et un lieu touristique réputé pour l’apprentissage de l’Espagnol.
Charmé par ses rues pavées, la fraîcheur du soir permet de garder la motivation d’aller prendre un cours de salsa ou de profiter des terrasses pour écouter de la musique en live. La ville inspire le bon vivre et je me laisse donc tenter. Je tombe sous le charme des nombreux marchés d’artisanat dont les vêtements traditionnels et les cerfs volants de papier mâché m’enchantent. L’occasion de rencontrer Kristel qui me partage son expérience de vie. Je recroise Roel, compagnon voyageur équipé de son destrier à pédales, avec qui nous évoquons l’idée de faire l’ascension du volcan Acatenango et d’y passer la nuit.
























Autre retrouvaille bienvenue avec Alejandra qui me rend visite pour la journée. Rencontrée aux portes du Macchu Pichu, elle m’a régulièrement conseillé sur les destinations à faire au Guatemala et avait participé à me donner l’envie de voyager en Amérique centrale. Avec une météo sans merci, le temps passera bien vite malgré tout à discuter autour de quelques mets et boissons.

Si je garde un souvenir de la cité, c’est la fascination des vues offertes en dehors de ses murs. La saison des pluies peut couvrir le ciel en quelques instants et faire penser que la ville se tient au milieu de paysages sans relief, isolée du reste du monde. Les rideaux de pluie ramènent vite à la réalité si tu veux éviter la sensation de nager dans une piscine avec tes vêtements.

Dès que le ciel est plus clément, en général de bonne heure, le volcan Agua se présente humblement tandis que ses cousins, les volcans Acatenango et Fuego se montrent plus menaçants. C’est surtout ce dernier qui attire avec son imposante colonne de fumée et ses explosions projetant quelques éclaboussures démesurées de lave ici et là.


Je n’hésite pas bien longtemps à m’aventurer plus près. Je réserve l’activité avec une agence qui s’annonce 100 % locale, chose rare après l’ouverture du pays aux entreprises extérieures. La plupart appartiennent à des investisseurs américains, canadiens, anglais et français. Face à cette publicité, je mets donc un point de vigilance car il me semble difficile de savoir qui croire, la majorité des agences se vantant d’être locales.
Le gérant d’AsoAva Tours nous reçoit chez lui, dans un petit village à proximité des volcans. Autour d’un petit-déjeuner préparé par sa compagne, il explique à notre expédition internationale que son indépendance lui tient à cœur pour permettre de garder le contrôle sur l’organisation et la gestion. Le projet nourri depuis quelques années 16 familles et les bénéfices des derniers jours ont permis de réparer le toit d’une école. Il paraît donc certain que Catalino est un homme influent et engagé pour sa communauté.

Notre guide, Fernando, nous annonce 4h d’ascension. En tête, Roel représentant les Pays-Bas dans une forme olympique, talonné de près par le jeune canadien Max à l’esprit espiègle et l’énergie débordante. Yuvel de son côté se motive par quelques classiques du rock pendant que je crache par moment mes poumons. Interrogé face à une telle difficulté physique, je réalise que j’ai le souffle plus court qu’à mon habitude et bien loin de mes capacités lors des randonnées de l’an passée. Peut-être une conséquence de la maladie contractée à Ushuaïa dont les résultats des tests ne semblaient pourtant pas pencher en faveur du Covid.


À 10 minutes du temps record du guide (ce qui peut également expliquer ma détresse), notre petit groupe arrive pour le déjeuner et c’est devant la splendeur du Fuego que nous le dégustons, sans perdre une seconde à observer le contenu de notre assiette.
Timide, les nuages blancs peinent à le laisser en paix et donnent des contrastes dignes de certaines peintures au thème divin. Se reposant à l’abri du vent et des torrents d’eau qui accompagnent l’après-midi, notre cabane de quelques branches assemblées et unies par des bâches plastiques ne semblent pas bien vaillante.







Parfois, la terre tremble, accompagnée d’ondes de choc ou de grondements et nous rappelle la présence de cette montagne de feu majestueuse en activité à seulement 2 500 m de notre campement à vol d’oiseau, nous précipitant dehors pour jouer les paparazzis.

La température s’effondre à la tombée de la nuit. Les yeux irrités face au bois humide que nous faisons brûler, nous prenons notre dîner de bonne heure autour d’aventures de nos voyages respectifs. Le réconfort de notre petit feu de bois est le bienvenue en particulier face au vent mordant.
Alors que nous faisons fondre quelques chamallows, Fernando nous briefe sur la dangerosité du site et les nombreux accidents s’étant produits sur le volcan Acatenango où nous passons la nuit et son voisin plus bruyant. Les lumières des villes lointaines commencent à se distinguer et donnent une nouvelle identité au paysage pour un peu plus de poésie.






À 4h du matin, nous avisons plus sage de ne pas tenter d’accéder au sommet de notre montagne face au brouillard dense rendant la marche dans les cendres dangereuse. C’est une heure plus tard que nous nous motivons à profiter un peu plus des vues offertes par le jour naissant. Les teintes sur les flancs cette fois dégagés d’El Fuego passent au rouge puis au jaune. On distingue quelques canyons à ses pieds et une végétation assez dense quand les coulées de lave n’ont pas pris le dessus.
Les premiers rayons viennent enfin nous réchauffer la couenne pour notre plus grand plaisir. Bientôt l’heure de repartir avec nos vêtements dont l’odeur de la fumée épaisse du feu de la veille ne s’effacera pas avant plusieurs semaines. Je quitte mes compagnons de retour à la maison de Catalino qui me dépose courtoisement au terminal d’Antigua.








En direction de l’actuelle capitale à bord d’un énième chicken-bus, je me demande si je vais arriver vivant et en un seul morceau face à la conduite extrême du pilote. Je comprends vraiment pourquoi les actualités du pays tournent autour des accidents de la route. Je reste par contre sans voix face à ce genre de comportements dont j’ignore la raison. Il s’agit clairement d’une exception aux autres pays latins.
Je passe très brièvement à Guatemala pour trouver un moyen de transport pour le Salvador le lendemain. Grâce aux conseils d’Alejandra que je retrouve sur sa pause déj, je trouve une solution pour gagner ce prochain pays méconnu. Face à la mauvaise réputation de la ville réputée de coupe-gorge, je ne m’aventure pas bien loin et fait la connaissance de Lenet dans une brasserie avec qui s’enchaîne bon nombre de conversations à la fois. Comme quoi, les rencontres peuvent forger le moment même dans un endroit sans intérêt.



Allez, une brève liste de faits divers observés au Guatemala :
- Clairement la première chose marquante reste sans conteste les chicken bus. C’est bien le seul pays que je connais où les gens détestent la conduite des chauffeurs. C’est aussi le seul où les bus doublent les voitures (ça donne une idée de la vitesse).
- Un pays de dos d’âne avec zéro indication pour les signaler, ce qui te vaut des bons balancements à chaque freinage violent.

- Face à l’insécurité notamment, les locaux marchent peu. Les villes sont donc très souvent embouteillées et l’état des véhicules provoquent des nuages de pollution vraiment extrêmes et difficilement respirables. Un tel niveau n’avait pas encore été atteint dans mon voyage.
- La présence d’auto-motel. Un bâtiment avec de nombreuses portes de garages qui donnent elles-mêmes sur des chambres payables à l’heure ou la nuit. Un lieu de rendez-vous économique pour les amants en manque d’intimité. Tu rentres ton véhicule, tu paies via une petite trappe assurant ton anonymat et c’est partie pour regarder l’intégrale de “Ma sorcière bien-aimée”.

- Les élections sont à la fois présidentielles, régionales et municipales.
- Il continue d’exister de nombreuses communautés descendantes des mayas et chacune parle son propre dialecte. La plupart sont isolées et c’est souvent là que j’observe une plus grande déscolarisation et le travail d’enfants.
- Ici, on sert le café ou le thé dans une mini-carafe. J’aurais pu attendre longtemps ma tasse si on ne m’avait pas expliqué.

- Si je vois souvent sur les bas côtés des routes des chevaux, des vaches ou des porcs, je ne m’attendais pas à voir se balader des chèvres dans la capitale. Les automobilistes s’arrêtent pour acheter du lait de chèvre frais à leur propriétaire.
Des ruines mayas, des grottes, des volcans, des lacs, des marchés sans oublier les rencontres, quel joli souvenir me laissera le Guatemala !