Découverte des cañaris

Jours 136 à 140 – Mercredi 7 à dimanche 11 septembre 2022 – Cuenca – Équateur

De retour sur le continent, j’arrive sur ma dernière étape équatorienne après une journée de taxi, bus, ferry, avion et minibus. Mon temps sur Cuenca consistera à préparer mes prochaines étapes dans un café. La fin d’année approche à grands pas et le Pérou semble immense. Souhaitant arriver en Patagonie avant les fêtes pour éviter la foule d’argentins et de chiliens qui arrivent en janvier pour leurs grandes vacances et les prix qui augmentent par la même occasion, je vais devoir revoir mon itinéraire.

Ma musique “mémoire” du lieu, enfin l’album et ses XIV musiques… que tu peux écouter durant ta lecture !
Enfin de la nourriture abordable après les Galápagos
…qui m’aide à tenir face à ce listing d’étapes bien trop conséquent !

Pas le temps d’aller en Bolivie où les dinosaures du village de Torotoro m’attendent mais je compte bien m’y rendre plus tard. Je compte traverser le Pérou en 50 jours pour me laisser un mois de traversée du Chili. Après avoir atteint le bout du monde, je pense remonter sur l’est de l’Argentine et peut-être si le budget le permet passer par l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie pour terminer en remontant les fleuves amazoniens jusqu’à la côte brésilienne où je terminerai mon périple.

Je passe de 80 étapes à 35 en une cinquantaine de jours, pas mal !

La ville de Cuenca me semble agréable et reposante. Parfait pour se remettre de ma fatigue accumulée et des nœuds à la tête à tracer mon itinéraire. La rencontre de Daniela qui tient un salon de tatouage en ville va d’ailleurs me permettre de profiter simplement du rythme de la ville. Je découvrirai une petite brasserie cachée lors d’une soirée avec ses amis. Je goûterai à nouveau à la joie d’une partie de jeux vidéos avec quelques courses de Mario Kart chez elle accompagnée d’une pizza qui me rappellera ma vie de sédentaire et les moments partagés avec les copains.

Tuer des zombies entre copains, quelle nostalgie !
C’est là que le petit confort du quotidien vient à manquer !

La visite de son salon de tatouage et l’évocation de son quotidien me donnent l’envie de passer à l’acte sur le tatouage que j’ai en tête depuis l’université et que je me dessine sans cesse sur la main. Après des heures de cogitation, je me décide à passer à l’acte. On parle du design ensemble puis de la typographie que je préfère. Après quelques propositions, on imprime un calque de celle qui me convient pour valider le meilleur emplacement. Après trois tentatives, le résultat me convient et c’est l’heure de planter l’aiguille. La session n’est pas douloureuse et dure moins d’une heure. Heureux du résultat malgré le doute qui m’habitait. Merci Daniela pour ce beau cadeau !

Alors, il est pas beau ? Fake news!

À 2 600 mètres d’altitude enchâssée dans une vallée des Andes, Cuenca est la troisième ville d’Équateur. Son centre-ville colonial est protégé par l’UNESCO pour son exemplarité de planification et ses principes urbanistiques. Les nombreux parcs, places et églises qui le composent rendent la déambulation dans la ville très agréable malgré la chaleur de la région. Les cours d’eau qui traversent la ville sont suivis par des voies vertes très reposantes. Sa nouvelle cathédrale est un délice pour les yeux tout comme son marché des fleurs. J’ai d’ailleurs pu profiter d’une boisson traditionnelle à base de plantes pour nettoyer les mauvaises énergies.

Si le musée d’art moderne ne m’aura pas exalté outre-mesure, la découverte de l’histoire de la région et des peuples qui la composaient s’en sera chargé. Au moment de l’arrivée des espagnols, le peuple cañari, réputé pour son savoir en astronomie et agriculture, vivait sous le joug inca depuis une cinquantaine d’années. Renommée Tomebamba, la ville était une des villes les plus importantes de l’empire Inca après Cuzco. C’est à proximité que Tupac Yupanqui a ordonné vers 1470 la construction de Pumapungo, la porte du Puma. Cette nouvelle cité dont les merveilles et les richesses alimentaient les récits est une des candidates pour être la fameuse cité de l’El Dorado. Tomebamba et Pumapungo auraient été brûlées pour ne laisser que des ruines avant l’arrivée des Espagnols.

Lors de ma visite du musée archéologique sur l’ancien site de Pumapungo à l’extérieur du centre-ville de Cuenca, j’ai pu découvrir les ruines que je viens d’évoquer en plus de visiter le musée de la monnaie et le musée ethnographique présentant les différents peuples indigènes du pays.

Le site extérieur abrite un refuge pour des oiseaux de la région et un parc ethnobotanique abritant plus de 230 espèces. J’apprécie qu’une partie du site soit dédié à faire pousser des plantes comme à l’époque inca. La technique de construction en terrasses, réputée chez les incas, permet de lutter contre l’érosion et garde l’humidité du sol pour en permettre son exploitation agricole.

Sur les hauteurs du site, le temple majeur, Kurikancha, était un centre administratif, religieux et politique. Il servait également d’observatoire astronomique, dédié au Soleil et à d’autres divinités. Il était dirigé par des prêtres de haut rang spirituel qui régulaient également le calendrier agricole. On y trouve aussi une ancienne demeure où des femmes dédiaient leur vie au Soleil et pouvaient être choisies comme nouvelle femme de l’empereur Inca.

Autre site inca visité à 85 km au nord et datant de plus de 500 ans, Ingapirca est un site archéologique au milieu de vastes terrains dédiés à l’agriculture et l’élevage. Création du peuple cañari, la culture inca marqua fortement le site et reste le témoignage le plus important de sa présence en Équateur. Avec une place centrale abritant un temple du Soleil aux ouvertures trapézoïdales pour résister aux tremblements de terre, j’admire l’agencement minutieux des pierres entre elles sans liant (a priori, ici il y en a un peu mais ce n’est pas monnaie courante dans leurs constructions). En face, le temple de la Lune n’existe plus mais on y a retrouvé une tombe d’un personnage important enterré avec ses sujets dont de nombreuses femmes sacrifiées pour rejoindre leur seigneur six pieds sous terre. Quel honneur !

L’histoire est importante mais place à un peu de nature. Je profite de la proximité avec le parc national de Cajas pour aller me percher jusqu’à 4500 mètres d’altitude profiter de ses quelques 275 lagunes et lacs. Ce complexe de zones humides offre de nombreux sentiers de randonnées et me voilà parti pour une randonnée de 5 heures au milieu de ce décor féérique. La bruine constante et les plantes me partageant un peu de la rosée me rendent vite trempé mais je n’y prête pas attention, trop absorbé par la beauté du paysage qui m’immerge dans l’univers du Seigneur des anneaux (la musique du film sur tout le trajet aidant). Après finalement 1h30 de marche, j’arrive à destination. Je découvre qu’à partir d’ici et au Pérou, lorsqu’on m’annoncera une durée de randonnée, c’est pour les locaux. Les européens sont de bien meilleurs marcheurs à ce qu’il paraît. Dans les nuages, je ne peux pas apprécier la vue sur Cuenca et je finis par rentrer en stop plutôt que d’attaquer une autre randonnée dans le froid qui commence à me gagner.

Cette dernière étape de l’Équateur m’aura ressourcé grâce aux richesses qu’elle renferme et à ma rencontre avec Daniela qui m’aura offert les moments dont j’avais besoin. Je m’interroge grandement sur la forme que je veux donner au voyage au Pérou et je décide de me relancer dans le Couchsurfing. Cette fois sans rendre mon voyage public qui me fait recevoir de nombreuses propositions intéressées de la gente masculine. C’est parti pour un bus de nuit qui m’emmènera jusqu’à Chiclayo, ville aux richesses archéologiques qui complétera mes connaissances des périodes pré-incas et incas.

Grosse ambiance dans ce bus à deux étages ! C’est parti pour 12h de bus avec passage de frontière à 3h du mat’ !

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