Vous reprendrez bien du désert ?

Jours 61 à 62 – 24-25 juin 2022 – Colombie – Salento, Armenia, Ibagué, Aipe, Villavieja, desierto de Tatacoa

De Salento au village donnant l’accès au désert de Tatacoa, l’itinéraire Google Maps donne 5h. A ton avis, combien de temps ça m’a pris ?

Premier bus entre Salento et Armenia de 2h : check. Prochain bus entre Armenia et Aipe, un village adjacent à ma destination, Villavieja. Entre ces deux villages passe le plus long fleuve de Colombie, le río Magdalena. Il me faudra prendre une embarcation pour le traverser. Mon plan est d’arriver à Villavieja et de dormir sur place pour faire une excursion tôt le lendemain dans le désert en évitant au maximum la chaleur. Évidemment, cela ne se passera pas comme ça !

Mon bus pour Aipe partant en début d’après-midi, je patiente trois heures dans un café au terminal d’Armenia. Téméraire, vu l’heure tardive du départ, je réserve un Airbnb -faute d’auberge de jeunesse- dans le village d’Aipe en ne pensant pouvoir traverser la rivière à temps (le service s’arrêtant vers 17h selon d’autres voyageurs). À la recherche de mon bus, on vient me trouver pour m’expliquer qu’il a eu un accident et ne partira pas. C’est parti pour chercher des alternatives.

Un terminal avec une trentaine de guichets, si simple…

Un autre bus va jusqu’à la ville d’Ibagué, sur mon chemin. Logiquement à 2h de route, je devrais pouvoir trouver un autre transport jusqu’à Aipe en fin d’après-midi. Je n’arriverai finalement pas avant 1h du matin. Avec le phénomène naturel de La Niña, le pays connait beaucoup de pluies torrentielles et d’inondations et la route s’est en partie effondrée, forçant une circulation alternée chaotique. Ayant donné mes réserves de nourriture à un grand-père et ses trois petits-enfants qui tout comme moi n’était pas préparé à pareil périple, j’arrive à ma Ibagué affamé. Je me précipite aux différents guichets au cas où une solution se présente à moi, m’évitant de passer la nuit à dormir d’un œil au terminal.

« La chance sourit aux esprits qui s’y sont préparés » comme j’aime me rappeler. En quelques minutes, me voilà rassasié et qui plus est dans un minibus (certes au ticket coûteux) en direction d’Aipe. Réveillé à 4h par le chauffeur, je n’ai pas encore repris mes esprits que me voilà en quelques secondes dehors avec mes 2 sacs au bord d’une autoroute plongée dans le noir. Rassurant. Je traverse pour rejoindre Aipe de l’autre côté et tel un papillon, je me dirige vers une des rares lumières que j’aperçois.

Je n’avais pas pensé être dans des bouchons durant ce voyage
Ce gars n’a aucune idée de ce qu’il se passe ni de quand il va arriver

Je demande à un jeune homme si je peux trouver un moto-taxi pour aller à ma destination, ne souhaitant pas m’aventurer seul à cette heure-ci dans les rues du village. Il me propose de m’emmener et me dépose à mon Airbnb, tout en m’expliquant en moins de 10 minutes qu’il est gay et qu’il aimerait mon numéro. Je trouve cocasse que cela m’arrive assez ponctuellement mais toujours de la part de la gente masculine. Doña Nolly, une adorable retraitée qui m’a attendu toute la nuit et donné des conseils pour venir, m’ouvre sa porte à 4h passé. À proximité de la place centrale se tient une grande fête où de la salsa et autres musiques sont joués. Tenté de m’y joindre, je tombe néanmoins de fatigue et je m’endors quelques instants plus tard, bercé par les vibrations des basses dans ma cage thoracique.

Samedi 25 juin, après une matinée à récupérer de mes 18 heures de voyage de la veille et à me balader, je passe la rivière pour Villavieja. En plein week-end avec les vacances scolaires et après les élections où les colombiens sont restés chez eux, tous les hébergements touristiques sont pleins. Après une heure d’errance, je trouve moyen de dormir dans une tente dans une cour d’un immeuble. Je me renseigne sur le désert et les activités. On me propose une visite de la ville et du désert dans… tout de suite, en fait. Allez, ça m’évitera de rester trop longtemps dans un lieu bondé.

En scooter avec ma guide Cassandra (si ma mémoire ne me fait pas défaut), une famille colombienne très agréable nous rejoint pour l’excursion. Première étape : le fleuve Magdalena pour apprendre qu’ici, durant l’âge d’or du narcotrafic, le corps des victimes étaient souvent retrouvés à proximité. Ça donne envie de se baigner, non ? Elle nous apprend également à reconnaître les zones plus profondes, les courants forts et les réflexes à adopter si on se retrouve dans l’eau face à ces phénomènes.

Direction le musée paléontologique expliquant l’histoire du désert qui s’avère être une ancienne forêt tropicale asséchée par le mouvement des plaques tectoniques formant le pays et son relief que nous connaissons aujourd’hui. Le lieu est donc riche en fossiles préhistoriques notamment de tortues carnivores de plusieurs mètres et de crocodiles. L’animal le plus iconique de la ville n’est pourtant pas un reptile mais un mégathérium, un paresseux géant un peu plus imposant que celui que l’on connait.

De seulement 330 km² (loin des 21 000 km² de la Guajira), le désert doit son nom à un serpent à sonnette fréquemment rencontré sur le lieu (je résiste à ne pas mettre de photo exceptionnellement, Chloé, mais je n’en ferai pas une habitude). L’érosion pousse le désert à s’agrandir mais les formations rocheuses sont mises au défi des nombreux touristes qui les parcourent en prenant parfois la liberté de grimper dessus pour une photo quitte à abîmer voire détruire ce qu’ils sont venus apprécier. Logique.

“La Vallée de Gwangi”, un incontournable de votre culture cinématographique avec “Carnosaur 3”

Après quelques minutes en moto (et avoir passé un parc -avec des statues de dinosaures dont un Titanoboa- à mon plus grand regret fermé pour travaux), nous arrivons dans le désert rouge qui doit sa couleur à un concentration de fer. En se perdant dans le labyrinthe de monticules, on observe des couches de couleur blanche qui sont elles dues à la présence de zinc et de magnésium. A quelques kilomètres cohabite étonnamment un désert gris riche en calcium, phosphore et cendres volcaniques. Perdu dans ce décor, je me prends pour un personnage du vieux film aussi kitch que fascinant « La Vallée de Gwangi ».

On peut voir que nous ne sommes pas dans un “vrai” désert avec la végétation à l’arrière-plan
Chèvres et cactus, une production locale.

Cassandra nous explique pas mal de choses sur la faune et la flore locale. Après la dégustation de fruits d’une espèce de Cactées, nous nous rendons dans plusieurs fincas (épiceries locales) pour découvrir les produits locaux à base de cactus et de lait de chèvre principalement. La dernière étape de l’excursion se déroule dans l’un des 4 observatoires astronomiques du désert. Nous profitons d’une séance de 2h de présentation de l’histoire de l’univers, des étoiles et des connaissances sur le sujet, allongés sur des tapis sous un ciel supposément étoilé (mais pas ce soir-là).

De retour en ville, après une escapade pour partager un repas avec quelques autres voyageurs rencontrés plus tôt, je gagne ma tente pour une nuit peu réparatrice face à l’agitation permanente à proximité. Je prends quelques minutes le matin pour me décider de ma prochaine destination du jour. Vu l’état de la route, hors de question de rebrousser chemin pour gagner d’autres destinations repérées en amont. Allez, direction le sud avec la ville archéologique de San Agustín. J’espère prendre le temps de m’y reposer après une semaine assez mouvementée et riches en déplacements et activités (Manizales, Los Nevados, Salento, Aipe, Villavieja…).

Comments

  1. Manon

    Ouah quelle aventure ! Le désert a l’air vraiment magnifique ! Hâte de lire la suite.

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