Moche & Inca

Jours 141 à 143 – Lundi 12 à mercredi 14 septembre 2022 – Chiclayo – Pérou

J’arrive dans ce nouveau pays avec pour seule image celle du Machu Picchu. En voyant de bon matin les paysages défiler, je ne m’attendais pas à telle quantité de sable. La côte péruvienne semble très désertique et ce sera en effet le cas jusqu’au sud du pays.  Cette nouvelle contrée est immense, plus de deux fois la taille de l’Hexagone. La partie andine me sera familière suite aux derniers mois de voyage même si elle me semblera plus aride. Enfin, je ne compte pas faire de crochet par sa jungle au nord.

Ma musique “mémoire” du lieu, à écouter durant la lecture si ça te dit !
Les photos depuis le bus étaient floues alors une belle photo internet pour illustrer !

Toujours la tête embrumée à la sortie du bus après 12h à tenter d’obtenir un sommeil de qualité, c’est passé l’agression des chauffeurs me harcelant « taxi » à quelques centimètres que je fais mes premiers pas au Pérou. L’état des routes et l’ambiance sonore me ramènent directement à la Colombie mais très vite ce que je considérais une mélodie au nord du continent va très vite devenir un bruit pesant à mes oreilles. Les klaxons en continu pour signaler la disponibilité d’un taxi, l’arrivée d’un véhicule à une intersection ou un quelconque mécontentement va très vite me taper sur le système et ce, jusqu’à la fin de la traversée du pays (et ce, malgré ma tentative de prendre du recul sur la différence culturelle).

Ici, chaque fois que tu présentes un billet, on le vérifie pour s’assurer que t’es pas un escroc.

Après le retrait de mes premiers soles (1€ = 4 S/) et l’obtention d’un numéro péruvien avec des données pour Internet, je me rends dans un café pour m’imprégner de l’ambiance. Par habitude, je prends un café au lait et je suis étonné de devoir expliquer mon choix plus en détails. Ici, on sert le café froid sous forme d’expresso avec une grande tasse d’eau chaude. En demandant un café au lait, je peux me retrouver avec une grande tasse de lait et un soupçon de café à y verser. Me voilà averti. Enfin, c’est ce que je pense sur le moment mais la suite me fera comprendre que du début à la fin ce sera une énorme galère pour commander.

J’ai pas trouvé de photo du café au lait donc je mets une photo de vache à la place. J’avais envie.
Bon, au final, j’ai un copain qui m’a envoyé une photo qui donne l’idée ! Si tu recherches un modèle de main, tu peux lui écrire directement, il s’appelle Thibault Pallavisini.

Souhaitant revenir à une forme de voyage plus ancrée sur le mode de vie et la culture locale, je reprends le Couchsurfing et me voilà hébergé chez Tomy avec qui je partagerai quelques balades en ville et repas avec plaisir. La ville est agréable bien que sous une chaleur écrasante. Je retiendrai du centre-ville son fameux marché des sorciers où on trouve entre autres des pattes de poulet, des épées et des plantes.

Je trouve un taxi pour me rendre à quelques kilomètres au nord de Chiclayo sur le plus beau musée du pays selon de nombreux avis. Après un sermon religieux d’une demi-heure, me voici à l’entrée du musée Tumbas reales aux pieds d’une pyramide rouge. Ce site présente la découverte d’un ensemble de tombeaux dans la vallée des rois un peu plus au nord.

Pour en savoir plus, j’ai trouvé ce chouette site !

Durant la visite, je réalise que de très nombreuses civilisations se sont succédées sur tout le pays avant que le territoire ne soit conquis par les Incas en quelques années. Son empire sera le dernier avant la conquête espagnole et celui qu’on retient avec fascination. Cependant, il faut savoir que les incas laissaient la liberté de culte aux peuples conquis pour éviter toute révolte. Les autres civilisations existaient donc encore mais sous le joug de l’Empire. Ils obligeaient au culte du Soleil et imposaient d’autres règles en échange (par exemple, les taxes se résumaient en temps de travail et non en monnaie).

Sur la côte nord du Pérou se sont donc succédés les civilisations Caral, Chavín, Moche, Huari, Sicán et Chimú.  Facile à retenir, non ? Caral provoque ma curiosité. C’est la deuxième civilisation la plus ancienne du monde après les mésopotamiens et j’irai visiter ses ruines une fois à la capitale. Je me concentre ici sur la culture Moche, de l’an 100 à 700 après J.-C., qui a maîtrisé le désert et rendu des terres impossibles en surfaces cultivables.

Faut s’y retrouver dans tout ça…

C’est à la fin des années 1980 qu’une bande de pillard se voit saisi un trésor en provenance d’une tombe près du village de Sipan. Très vite, une équipe d’archéologue étudie le site, protégé par deux policiers, et après quelques mois de fouille, une chambre funéraire intacte d’un dirigeant est découverte.

Au total, plus de 2000 œuvres en or sont découvertes dans une pyramide aux nombreux niveaux ainsi que de nombreux bijoux, textiles, sculptures et céramiques. Mais c’est surtout l’arrangement funéraire du seigneur de Sipan qui est le plus impressionnant. On la retrouvé enterré avec ses femmes, un enfant, un chien, deux lamas, deux gardiens, un porte-étendard et un vigile dont on a coupé les pieds pour s’assurer qu’il reste en place même post-mortem. D’autres tombes ont également été découvertes dans des niveaux plus profonds.

La visite du musée se fait en descendant les niveaux d’une pyramide et après avoir appris le fonctionnement du peuple Moche, je découvre leur univers spirituel avec de nombreux Dieux, mi-homme mi-animal (et les mythes qui les entoure n’en faisaient pas des tendres). Pour la construction de la pyramide (pas le musée, tu t’en doutes), la technique fut d’utiliser des briques de terre qu’on empilait tout en s’aidant de rampes pour les hauteurs.

Je suis alors émerveillé en découvrant le travail des archéologues sur ce site face au nombre de pièces découvertes (notamment les colliers composés de milliers de perles) et au puzzle que cela représentait de les réassembler. C’est la première fois que je suis autant fasciné par un travail de restauration, poussé jusqu’à avoir un acteur habillé comme le Seigneur Sipan à la sortie du musée (qui ne manquera pas de me faire sursauter). La pièce finale est d’ailleurs dédiée à 35 mannequins de cire étudiés pour être le plus fidèle aux hôtes des tombes exposées, le tout dans une ambiance sonore d’époque avec des instruments natifs.

Me remettant de mes émotions, pris d’un début d’angine, je pars en direction de Cajamarca où j’ai hâte de marcher sur les derniers pas de l’empereur Inca Atahualpa.

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