Jours 88 à 93 – Jeudi 21 à mardi 26 juillet 2022 – Otavalo, Quito, Latacunga – Équateur
Allez, je ne m’attends à rien. De toutes manières, je ne vois pas comment l’Équateur pourrait être différent de… Waaah la claque ! Mais c’est quoi ces paysages ?! À peine les premiers kilomètres post-frontière franchis, de vastes espaces verts remplis d’arbustes et de plantations se dévoilent rythmés par de nombreux canyons composés de roches nues. Ici, plus de montagnes à perte de vue tout en étant soi-même perché en hauteur. Le paysage est uni à plus de 2000 m d’altitude avec des volcans qui émergent sans prévenir de cet immense plateau. Bienvenue en Équateur !
Le pays se divise en trois. À l’est, l’Amazonie. À l’ouest, l’océan Pacifique. Mon plan est de descendre par les Andes au centre du pays, le long de cette autoroute de volcans. Je guetterai l’occasion de faire des écarts pour me rendre dans la jungle ou sur la côte.
Première destination : Otavalo. J’en ignore absolument tout. Je sais seulement que c’est la porte d’entrée de nombreux voyageurs. En rejoignant un groupe Facebook des français en Équateur pour me tenir informé et pouvoir poser des questions, je vois qu’un copain de fac à qui je n’ai pas touché mot depuis douze ans est au même endroit. Cocasse ! Je le retrouve dès mon sac posé dans une auberge bon marché. En discutant avec Alexandre, le choc entre l’image de l’étudiant et celle de l’adulte est agréable, pour son cas comme pour le mien. De mon côté, j’ai le sentiment que plusieurs vies se sont écoulées depuis mes études de cinéma. Quant à Alexandre, le jeune homme ténébreux et réservé a laissé la place à quelqu’un de décidé, rayonnant et expansif.
Durant mon séjour ici, je passerai la majorité de mon temps à échanger et marcher avec lui. Au programme : visite d’un parc de condors et de cascades à la lisière de la ville, randonnée autour du lac de la Cuicocha, dégustation au marché gastronomique… Voyageant seul depuis un bon moment, il regorge d’astuces pour réduire ses frais et est un bon négociant, osant manifester son mécontentement quand on le prend clairement pour un pigeon. Une source d’inspiration ! Nous ne le savons pas encore mais durant les prochaines semaines, nous allons passer de nombreux moments ensemble au point de donner pendant un temps une autre dimension à mon voyage.
J’ai pris l’habitude de m’écouter et je sens assez vite que même si je suis heureux de partager mon temps entouré, j’ai vite besoin de me mettre dans ma bulle et me rappeler à mon indépendance. Mes jambes me démangent ici. Le sentiment de sécurité est pour l’instant renforcé et je n’ai donc pas besoin de guide. Après une première randonnée, j’irai marcher vers deux autres villages, Cotacachi et Iluman, à proximité d’Otavalo, avant de terminer par un coucher de soleil au Lechero au pied d’un fameux arbre millénaire (enfin son tronc, le reste ayant brûlé) en admirant la vue sur plusieurs volcans surplombant les alentours.
Samedi 23 juillet, après avoir découvert le marché artisanal de ponchos et tenté l’expérience de me faire cirer les chaussures dans la rue, il est temps de partir pour Quito. J’étais pourtant décidé de tenter l’ascension de plusieurs montagnes mais je suis seul pour cette aventure et les sentiers semblent trop dangereux pour tenter la chose.
Dans le bus, je rencontre Veronica qui vit dans la capitale et qui m’invite à sortir à notre arrivée pour aller dîner dans le quartier populaire de la Ronda. Sur mes gardes, je me laisse tenter par l’expérience qui s’avère agréable avec alcool local et rock équatorien. Veronica n’aimant pas conduire de nuit, je me retrouve à manœuvrer à peine arrivé dans la cité sans connaître les règles ou les lois. À l’auberge de jeunesse, je retrouve mon couple d’amis voyageurs Thibault et Romane rencontré à Salento et retrouvé à San Agustín.
Le lendemain matin, les lyonnais, Veronica et moi partons prendre un téléphérique pour monter au Pinchincha. Déjà à presque 3 000 m d’altitude en ville, nous franchissons les 4 000 m en sortant de la cabine. L’ascension embrumée nous empêche de profiter de la vue sur la cité mais le manque d’air ne me marque pas autant que lors de la montée du volcan aux Nevados. À proximité du sommet, une tempête de grêle recouvrant le páramo nous bloque la fin du sentier lui-même rythmé de roches à escalader et d’arènes de sable à traverser.
De retour à l’auberge, je fais la belle rencontre le soir du dessinateur Étienne Druon qui revient d’un séjour au sein de la tribu Maikiuants appartenant au peuple Shuar (anciennement Jivaro réputée pour sa recette magique de rétrécissement de tête) qui est un des plus isolés de la forêt amazonienne. Son coup de stylo est assez unique et ses dessins relèvent du documentaire. Je découvre que nous avons pour connaissance commune Nathalie, ma responsable lors de ma reconversion à l’ASDER en Savoie. Drôle de coïncidence et j’aurais payé cher pour voir sa tête en recevant notre photo sur son téléphone !
Malgré une occidentalisation faisant doucement son chemin au sein de la communauté, les Shuar -au nombre d’une centaine dans le village visité mais représentant plus de 40 000 personnes au total repartis sur plusieurs tribus plus ou moins isolées- gardent encore de nombreuses coutumes dont les chamans sont un pilier fondateur. Peuple indigène ayant combattu les espagnols du temps de la colonisation, la lutte est depuis 20 ans concentrée sur une mine de métaux sur leur territoire, exploitée illégalement. Le régime alimentaire d’Étienne et de ses collègues se limite à de la banane verte bouillie avec parfois la fantaisie de quelques cœurs de palmiers et larves « un peu gluantes mais appétissantes » (pour ceux qui ont la référence).
Lundi 25 juillet, je retrouve Alexandre pour faire un walking tour du centre-ville où je découvre un peu plus de l’histoire de l’ancienne ville capitale pour l’empire Inca (que je raconterai dans un futur article). Durant le trajet, nous passons au marché local pour goûter de nombreux fruits et connaître d’autres échoppes traditionnelles. La première déborde de tous les coins de plantes. Ici, on vient pour demander des soins voire pour chasser le mauvais esprit (j’y passe après ma visite pour me faire soigner des soucis de digestion et je repars avec un bouquet à faire bouillir). En face, la boucherie exhibe des tripes et organes à foison malgré l’absence de système de réfrigération. Héritage de la colonisation où on laissait les mauvais morceaux aux indigènes qui ont appris à les cuisiner.
Le tour termine par une dégustation, à défaut d’intestins, de l’un des meilleurs chocolats que j’ai pu manger. Le pays est effectivement réputé pour sa production de cacao et son exportation mondiale de crevettes. Je déconseille tout de même le mélange des deux.
Mon séjour se conclut par d’autres activités variées comme la visite du jardin botanique présentant les différents écosystèmes présents dans le pays et le musée de Guayasamin, artiste équatorien des plus réputés, dont les peintures me toucheront profondément. Parfaite conclusion avec une soirée raclette et karaoké avec le petit groupe formé auquel se rajoute Maxime, rencontré à Otavalo, et son amie Viviana. Un couple vénézuélien sera tellement heureux de nos chansons qu’on se retrouvera vite ivre face aux nombreux verres offerts.
Avec Thibault et Romane, nous nous prenons un taxi pour rejoindre le terminal sud de Quito et nous rendre à Latacunga pour entamer un trek sur trois jours. Nous retrouverons Alexandre sur place pour débuter sans encore le savoir trois semaines à voyager ensemble. Encore plus essentiel, je trouverai, en passant par le centre commercial, une borne arcade pour jouer quelques parties de Guitar Hero qui feront de moi encore une fois l’homme le plus heureux du monde. Il n’en faut décidément pas beaucoup !
Tu as essayé de faire du Justin Bieber à guitare hero ? Parce que tu serais carrément plus ressemblant que lorsque tu fais Britney 😂
En tout cas c’est toujours top de te lire ! Hâte de lire la suite !
C’est Justin qui tente de faire du Jb ! Et je le prends quand il veut sur Guitar Hero !
Coucou JB
Je reviens enfin vers la petite mouette voyageuse…C’est toujours un plaisir de te lire et participer à distance à ton aventure.
Merci pour les très belles photos et les témoignages toujours très enrichissants.
Belle continuation
Merci Aline pour tes encouragements ! Ces petits messages paraissent anodins mais motivent à continuer d’écrire ! Des bises !