Du billard et des palmiers

Jours 59 à 60 – Colombie – Salento, Vallée de Cocora

J’arrive à Salento par pure recommandation avec l’objectif de faire une randonnée « gratuite » (on paye bien souvent l’entrée des parcs et la traversée de terrains privés) et sans guide, conseillée par Tefi. Étant originaire du lieu, elle l’a vu en quelques années se transformer face à son succès touristique. Une fois de plus, j’arrive les mains dans les poches sans savoir quoi faire ici. Cette nouvelle approche est assez agréable même si je sais que je n’en ferais pas une habitude. Déambulant dans les rues animées dont j’apprécie l’ambiance, je me mets en quête d’une auberge de jeunesse.

Le trajet pour se rendre à Salento est pour une fois clément. À seulement quelques heures de Manizales, ma destination s’inscrit dans la continuité des précédents villages croisés avec de riches couleurs et une architecture héritée de la colonisation. Ce petit bourg est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO comme paysage culturel pour sa production de café avoisinante et attire de nombreux touristes. A proximité, la vallée de Cocora est également réputée pour être un sanctuaire pour les palmiers de cire. Cette espèce endémique était fortement exploitée et son nombre se réduisait alors qu’il s’agit du symbole national de la Colombie d’où la création de ce lieu de préservation.

Après l’installation habituelle et la recherche d’informations sur les choses à faire (et à ne pas faire), je retourne me balader en ville. La nuit tombante, je me rends dans un des ces bars que je vois fréquemment où les locaux vont jouer au billard colombien ou américain et regarder le foot. Proposant ouvertement aux membres de Couchsurfing intéressés et à proximité de me rejoindre, je rencontre Caroline et Montserrat, une française et une mexicaine qui se sont elles-mêmes rencontrées quelques heures avant. En discutant au cours de la partie de billard la plus longue de l’histoire, j’apprends qu’elles comptent se rendre dans la vallée de Cocora le lendemain pour une grande randonnée. Je profite de l’opportunité pour me joindre à elles.

Le PMU colombien a un peu plus de gueule

Il est 8h quand je les retrouve devant le kiosque où prendre nos tickets pour le trajet en Jeep. Au hasard, j’ai trouvé sur le chemin un café avec les meilleurs viennoiseries que j’ai pu manger durant mon voyage. J’offre le croissant à mes deux partenaires du jour pour partager le même sourire de satisfaction. Dans la queue, je fais la rencontre très brève de Thibault et Romane, un couple lyonnais qui partage le même objectif que moi d’atteindre la Patagonie. Je les recroiserai dans la journée et prendrai leur contact pour les retrouver sans le savoir à ce moment à San Agustín une semaine plus tard.

Départ en Jeep dans la fraîcheur du brouillard de la montagne. Une fois sur place, je regarde la carte pour voir que la randonnée que nous nous apprêtons à faire est la même que celle que Tefi m’a recommandé. Parfait ! Boussole en main, j’ouvre le chemin. Longeant une rivière, nous passons de nombreux champs et une exploitation de truites, spécialité de la région. Le sentier est boueux mais le temps suffisamment clément pour rendre la progression agréable. Objectif du jour : garder ses chaussures sèches. Nous finissons par nous enfoncer dans la forêt et passer plusieurs ponts en bois dont l’état fatigué rend la traversée digne d’un film d’Indiana Jones (surtout en les traversant les yeux bandés).

Il est temps d’entamer la montée, certes raide mais une partie de plaisir à côté du Nevado del Ruiz. Après une petite heure d’ascension et une pause café-fromage aux portes d’une petite habitation qui propose de réchauffer les touristes avec quelques boissons, nous entamons la dernière partie du chemin en descente jusqu’à arriver sur une petite plaine couverte de palmiers de cire offrant une vue mystérieuse sur la vallée avec son brouillard inarrêtable.

Après le plein de photos, en approchant du lieu pour prendre la Jeep, je découvre de nombreux restaurants plein de colombiens venus profiter de leurs vacances. Enfin une poubelle pour jeter l’ensemble des déchets récoltés sur le trajet. L’habitude de jeter ses déchets au sol est malheureusement monnaie courante pour une grande partie de la population et me donne systématiquement l’envie, lorsque je prends sur le fait, de proposer au coupable la rencontre amical avec mes phalanges proximales. C’est triste mais de ce que j’entends de la suite de mon voyage, je ne suis pas au bout de mes surprises.

Un petit parc avec entrée payante est proposé avec de nombreux décors pour prendre la photo Instagram parfaite. Cela rappelle la culture de l’image existante et encore plus en Colombie. Je trouve appréciable que les hommes et surtout les femmes soient fières de leur corps et s’assument peu importe la forme physique ou qu’elles aient un appareil dentaire. Néanmoins, vouloir poser devant un paysage qu’on distingue à peine en prenant vingt poses différentes (j’exagère à peine) peut parfois avoir la tendance de me faire gonfler les joues.

On inspire… et on expire… Zen…

De retour à Salento, je déjeune avec Montserrat et trouve le temps d’aller écrire dans un café. Le soir, je retrouve Caroline pour dîner et, sur un début d’angine, je croise les doigts pour qu’elle ne me rende pas malade ayant eu mon compte. Vendredi 24 juin au matin, je décide de quitter le village pour me rendre au désert de Tatacoa après une balade pour profiter de l’ambiance et d’un petit-déjeuner copieux (tu l’as deviné je suis retourné me prendre un croissant… entre autres…).


Quelques fun facts

J’ai envie de conclure avec 10 faits amusants ou surprenants que j’ai pu observer jusqu’ici dans le pays :

  • Il est plus facile de s’approvisionner en chips qu’en fruits dans un pays pourtant si riche en bananes, guanabanas, tomates des arbres, pitahayas, lulos, maracujas, guamas, guayabas, higos ou fruits du cactus, fraises, ananas et j’en passe.
  • Le pays n’est pas fait pour les personnes de plus de 1,70 mètre. Je dois me baisser constamment pour passer des portes, éviter les barres où on se tient dans le bus ou même me doucher en fléchissant les jambes… Je pense rentrer voûté.
  • Il n’y a pas d’eau chaude sur une grande partie des douches du pays. Quand il y en a, il faut faire couler un débit très faible pour actionner la résistance. Alors quand je trouve une douche « classique », c’est sauna assuré.
De l’eau et de l’électricité au dessus de la tête, ça fait rêver non ?
  • A contrario, les boissons sont souvent chaudes et les colombiens m’impressionnent à les boire brûlantes.
  • Au restaurant, on te prend la commande quasiment instantanément ou dans une heure si tu demandes « deux minutes » pour te décider. L’addition met également un temps impossible à arriver et je me retrouve souvent à aller au comptoir ou en cuisine pour payer si je suis pressé.
  • Toujours au restaurant, l’entrée, le plat et le dessert -quand il y en a un- arrivent en même temps.
  • Je vois plus de policières que de policiers, ce que je trouve agréable et dépaysant pour un français.
  • Je ne connais pas beaucoup de modèles de voiture mais la Colombie est pour moi le pays des Twingo. Je m’amuse même à compter les secondes entre deux que je vais croiser. Par contre la couleur de ma voiture reste encore inaperçu sur la durée du voyage, ce qui la rend encore plus unique.
  • La priorité est aux voitures et quand il y a un feu tricolore pour elles, il n’y en a pas pour les piétons. Vu la conduite du pays, c’est toujours un petit moment à te faire augmenter le rythme du palpitant.
  • L’ambiance sonore : il faut aller dans un désert ou au sommet d’un volcan pour apprécier le silence. Ici, tout est musique, discussions, klaxons, annonces en haut-parleur de vendeurs ambulants (« aguacateeeeee, aguacateeeee »), chants d’oiseaux et du coq (parfois dès 23h30, normal), aboiements (surtout la nuit)… C’est une ambiance unique qu’il faut savoir apprécier. Maintenant, le silence me paraît étrange et me donne la sensation de ne plus être en Colombie.

Allez, direction le désert ! Peut-être que là-bas, je profiterai à nouveau du silence ?

Comments

  1. Brindille

    Photo de présentation excellente, par contre le gros plan d’araignée ce n’est peut-être pas une bonne idée ? Je ne dis pas ça pour moi.
    Moi aussi je veux faire de la jeep…
    Trop géniaux les fun facts!! Refais ça !! La douche est le plus marquant pour moi même si je veux goûter tous les fruits cités inconnus au bataillon… !

    1. J’ai suivi ton conseil et j’ai refait les fun facts, j’espère que ça te plaira ! 🙂

  2. Mylène Jld

    Je retiendrai que ce pays est fait pour les personnes de moins d’1m70… Merci !
    😉

    1. Attends le Pérou et la Bolivie…

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