Des pirates, des esclaves et du charbon

Jour 24 à 25 – Colombie – Santa Marta, Minca

Mercredi 18 mai, je réalise mon premier Free Walking Tour en Colombie. Le principe est simple : arpenter les rues d’une ville avec un local pour en découvrir son histoire, ses monuments, ses bonnes adresses et autres anecdotes insolites. Je profite donc de ce billet pour vous parler de mes apprentissages pour une meilleure immersion dans la culture de ce pays. Chef-lieu du département de Magdalena, Santa Marta se développe comme station balnéaire depuis plusieurs années pour les plages qui l’entourent et sa proximité avec la montagne côtière.

Durant l’ère précolombienne, plusieurs groupes indigènes vivaient dans la Sierra Nevada de Santa Marta dont quatre sont encore présents : les Koguis, les Arhuacos, les Wiwas et les Kankuamos. Ces communautés ont pour croyance que la Sierra Nevada est le cœur du monde. Territoire sacré et source de connaissances, elle doit être protégée dans le respect des traditions et des croyance spirituelles. L’organisation sociale, les habits et la langue varient d’un groupe à l’autre mais tous partagent une vision commune de la création : la Loi de l’Origine. On la retrouve écrite dans de nombreux lieux et elle dicte le mode de vie local.

Les habits qu’on retrouve chez une majorité des peuples indigènes de la Sierra Nevada de Santa Marta

Si je remonte dans le temps, c’est quinze ans après la première colonie sur le continent sud-américain que la ville la plus ancienne de Colombie (et deuxième d’Amérique du Sud) fut fondée, en 1525, avec la construction de la maison du conquistador Rodrigo de Bastidas. Les premiers plans d’urbanisme montrent d’ailleurs une première rue avec des parcelles attribuées à chaque personne de l’expédition et bien sûr une église. Sa maison a d’ailleurs survécu à travers les âges et les usages : maison de poste, ambassade, société United Fruit pour l’exportation de bananes, banque, lieu d’accueil de Simon Bolivar… avant de devenir le musée de l’or que j’ai pu visité (photo en couverture).

Ce lieu était avant tout stratégique puisqu’une baie protégeait la ville et qu’un accès à l’eau douce y était facile. Après avoir évacuer les habitants en « toute tranquillité », la ville s’est développée. Trois forts ont été construits pour la défendre et une voie ferrée y a été créée afin d’exporter le charbon et autres ressources plus tard (café, cacao, bananes, etc.). Pour tout ça, il aura fallu une main d’œuvre conséquente fournie grâce à l’importation d’esclaves d’Afrique.

Avec le traitement que ces derniers recevaient, beaucoup fuyaient à travers les plaines caribéennes et ont commencé à leur tour à développer des villages qu’ils défendaient avec des pieux empoisonnés et des fossés. Plus tard, ils attaquèrent les espagnols à l’aide d’armes financées par l’or qu’ils trouvaient dans les rivières. Ils cultivaient le manioc, le maïs, la banane plantain, le riz, les haricots, la canne à sucre, le tabac, le coton et d’autres produits. Ils combinèrent et adaptèrent certaines traditions à leur nouvel environnement.

La résistance locale des indigènes et des anciens esclaves combinée aux attaques de pirates voulant s’enrichir de l’or empêcha Santa Marta de se développer. Entre 1543 et 1779, la cité fut attaquée plus de 46 fois et ses ruines changèrent régulièrement de maître.

Aujourd’hui, l’activité portuaire est encore forte et on peut voir de la plage au loin des montagnes noires de charbon attendant d’être chargées dans des navires. Le centre-ville est vivant et agréable mais comme souvent, il ne faut pas s’attarder en dehors du quartier le soir et rester vigilant. La prostitution, le vol et la mendicité y restent communs mais la ville tente de montrer un nouveau visage notamment grâce au street-art et à de nombreuses initiatives culturelles.

C’est dans cette ville que vint Simón_Bolívar pour ses derniers jours. Le libérateur, personnage historique du continent, arriva dans un état de fatigue extrême et malgré les soins reçus, mourut entre les murs de la cité. Une statue lui est dédié dans le parc en face du musée de l’or mais un détail cloche. Un être humain sur un cheval avec les deux pattes avant dressées est mort au combat, avec une patte mort de ses blessures suite au combat. Les quatre pattes devraient donc toucher le sol mais afin d’honorer ses combats et son engagement, il a été décidé de mentir sur cette représentation.

Je quitte finalement Santa Marta le jeudi 19 mai pour me diriger vers Minca, ville à l’entrée de la Sierra Nevada perchée dans ses hauteurs au milieu de la jungle. Destination attractive depuis quelques années, elle offre une vue imprenable sur la côte et apporte une ambiance inédite de festivité mélangée à une nature luxuriante et omniprésente. Je ne peux qu’avoir hâte d’en parcourir les sentiers !

On m’avait parlé de cours de danses latines à cet endroit. Je me suis retrouvé à apprendre des danses africaines et faire de l’afro-fusion. Finalement, la salsa c’est facile…

Comments

  1. Gord Yves

    Bravo pour cette petite leçon d’histoire et bonne continuation

    1. Merci pour tes encouragements Yves ! Heureux de te savoir lecteur 🙂

  2. Georges du Mexique

    Le musée de l’or est vraiment génial je confirme, je reconnais d’ailleurs pas mal de street art sur l’ensemble de tes publications 🙂
    Les free walking tour c’est vraiment la base à l’arrivée dans un nouvel endroit ! Hâte de lire Minca.

  3. Peyroutou

    Sacré carnet de voyage que tu réalises et nous fais partager! Merci!

    1. Salut Lucie, cela me fait plaisir de savoir que tu suis les aventures ! J’espère que le tournoi de volley en Bretagne valait le déplacement 😉 !

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