Des Alpes…

Jours 216 à 218 – Samedi 26 à lundi 28 novembre 2022 – San Carlos de Bariloche, San Martin de los Andes, Villa La Angostura – Argentine

Ma musique “mémoire” du lieu, à écouter durant la lecture si l’envie te prend !

Mes premiers paysages patagoniens défilent à la fenêtre de mon transport en direction de Bariloche. Les steppes désertées par tout végétal plus grand qu’un arbuste laissent au bout de quelques heures place à une succession de lacs offrant une Cordillère enneigée en arrière-plan. À l’approche de ma destination, la végétation s’intensifie. Je traverse plusieurs forêts de pins tandis que le printemps de l’hémisphère sud m’offre à la vue des champs entiers de fleurs jaunes, roses et rouges.

La ville est immense et étendue sur la longueur. Bordant le lac Nahuel Huapi, je sors des quartiers touristiques pour aller m’isoler en périphérie dans un camping dont l’emplacement me permet de profiter d’une vue sur l’étendue d’eau et les sommets au second plan. Une fois ma tente fièrement montée, je m’empresse de me mettre en marche pour quelques kilomètres afin de louer un vélo pour faire un circuit prometteur la journée suivante.

Fièrement équipé, je me récompense en affrontant la chaleur écrasante avec le soutien d’une bière artisanale en observant avec curiosité les argentins et argentines devant un drôle d’écran où des petits bonhommes courent dans des stades ouverts frigorifiés au milieu du désert après un ballon. Et oui, pour mon plus grand bonheur, la Coupe du Monde a commencé. Et lors de mes prochaines étapes, je vais découvrir que le football est dans ce pays plus important que la religion. Si l’engouement pour ce sport peut être touchant, de nombreuses fois le comportement et l’absence de fairplay chez quelques personnes me tapera sévèrement sur le système.

Apprécier un sport, la compétition, la dextérité et l’expertise de ses joueurs et joueuses est une chose et peut animer bien des passions. Il ne me semble pas pourtant que cela justifie de souhaiter le pire à l’autre sous simple motif de sa nationalité ou encore de hurler au scandale au moindre mot de l’arbitrage contre son équipe, peu importe le motif (tout comme être satisfait et crier de joie quand c’est envers l’adversaire). Rien de bien sport dans cela…

Laissons donc le ballon rond de côté pour l’instant ! Cette première nuit dans ma nouvelle tente est honorée dans mon envie de reconnexion à la nature en me régalant des premières pages de la trilogie de Tolkien sur ma liseuse à goûter la légendaire viande argentine et profiter de la fraîcheur printanière de la soirée.

De bon matin sur mon fidèle destrier à deux roues, me voici en route après une nuit aux pensées assaillantes sur un circuit vallonné offrant des panoramas grandioses et parfois secrets sur une succession de forêts, de lacs et de sommets. Cela avec la sensation de traverser les Alpes mais plus grandes et plus sauvages encore.

Délicieux sentiment que celui d’être seul au monde à m’arrêter où bon me semble et quand bon me semble pour profiter d’un snack ou d’un café inespéré. Parfois au pied d’un chalet à l’architecture ambitieuse (voire parfois prétentieuse), parfois au bord d’une cascade ou d’un point de vue à couper le souffle.

Ma journée sera ponctuée de la casse de la chaîne du vélo (heureusement, je suis dépanné dans l’heure par le prestataire), de la visite de la brasserie Patagonia et d’un parc avec des dinosaures à taille réelle (pourquoi suis-je -encore- le seul adulte sans enfant dans le groupe ?) faisant la joie de mon neveu appelé en visio.

Courant pour obtenir mon bus à temps, direction une plus petite ville à quelques lieus à l’ouest après la traversée de la route des 7 lacs, tant célèbre dans la région. Accueilli par Alejandro au terminal de San Martín de los Andes, nos conversations durant les 24h en sa compagnie tourneront grandement autour de l’Amour, de ses désillusions, de ses blessures et du bonheur qu’il peut procurer peu importe sa forme en optant pour un autre regard.

Après donc avoir refait le monde et profité d’une bonne nuit de sommeil, mon hôte de Couchsurfing m’offre un petit-déjeuner typique et me dévoile le secret pour servir (mais aussi boire) avec professionnalisme un maté, la boisson nationale, qui se consomme dans un verre en bois ou en métal et se boit à l’aide d’une paille à l’embout aplati.

Il est l’heure d’aller explorer les environs en compagnie de son berger australien. Alejandro omet de me prévenir que pour aller jusqu’au bout de ce sentier, il n’y a pas vraiment de chemin et que nous allons grimper la montagne en passant par une végétation qui a… du piquant ! Malgré les nombreuses coupures sur mes jambes et l’absence de cerfs ce jour, je profite de la paix du lieu pour une petite méditation rendue aussi possible grâce à la sérénité et la confiance que je ressens avec mon hôte. Subtil, c’est pourtant quelque chose qui pour moi est rapidement essentiel pour me sentir en phase dans le changement constant qu’est le voyage.

Cette plante a des épines aussi dures et pointues qu’une épée et son nom veut dire “langue de belle-mère” localement. J’adore.
Séance méditation. Silence !

Je quitte en fin de journée Alejandro pour une ville plus luxueuse afin de prendre de bonne heure mon bus pour repasser la frontière chilienne. Et c’est chose faite après une nuit à écrire dans un bar de Villa La Angostura où je me suis délecté de gnocchis à prix accessible avant de voir qu’une sauce en accompagnement se payait au même prix que le plat. Même chose pour le dessert… Une panacotta à ce prix ? Allons-y ! Sauf que le coulis aura doublé le prix. Oh joie que sont ces petites subtilités entre les pays visités…

Si entrer en Argentine est chose bien aisée, entrer chez son voisin chilien est une autre paire de manche. Ici, impossible de rentrer avec de la nourriture fraîche. Y compris le kilo de noix fraîches acheté au Chili quelques semaines plus tôt. Refusant de gâcher la moindre noix, je fais piocher l’intégralité des voyageurs du bus dans mon sac en tissu pour vider le sac. Je me gave néanmoins de la majeure partie de son contenu… à la limite de m’en rendre malade mais à temps pour ne pas me prendre une amende et rester bloqué au milieu de la Cordillère.

Mon sentiment sur le moment…

Frontière passée avec brio en ce mardi 29 novembre, me voici en direction de Puerto Montt où m’attend mon amie française Lorène retrouvée déjà au nord du pays et toujours en voyage. L’objectif est d’aller visiter avec elle l’île de Chiloé, un peu plus petite que Chypre, en voiture de location pendant quelques jours.

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