Jours 26 à 31 – Colombie – Minca, Riohacha
Balade aux oiseaux
Il est 5h45 lorsque je retrouve mon guide pour la matinée. Equipés de jumelles, nous nous baladons en petit groupe dans la jungle proche de Minca. Je suis arrivé la veille au soir dans ce petit village aux portes de la Sierra Nevada composé d’à peine trois rues avec autant de touristes que d’habitants et le bruit de la ville ne semble jamais cesser : klaxons, musique, insectes, oiseaux… Il semble que chacun à ses horaires néanmoins. Et à l’aurore, ce sont les oiseaux et les cigales locales qui règnent.
Ici, on trouve une espèce de cigale qui vit sous forme larvaire une quinzaine d’années avant d’atteindre pendant cinq semaines le stade adulte et de mourir de faim. Le but de ces cinq semaines est de se reproduire et pour ça, il faut se manifester. Aussi, ces cigales gueulent comme des putois toute la journée pour informer le monde entier qu’elles sont disponibles et qu’elles ne prennent même pas la pilule.
On peut également croiser le chemin d’une plante, la scopolamine, qui est exploitée pour la poudre qu’on en fait et qui est soufflée au visage ou glissée dans un verre durant les soirées. Elle transforme la personne en véritable zombie pacifique pour la dépouiller en toute sérénité et sans lui laisser de souvenirs.
Je me suis beaucoup amusé durant cette balade à apprendre plein de faits divers sur les oiseaux. Je ne vous parlerai pas des 2034 espèces identifiées en Colombie, qui en font le pays le plus riche au monde en avifaune. J’ai pu apprendre la raison pour laquelle le coucou pondait son œuf dans le nid d’un autre oiseau (en dégageant au passage l’un des œufs de l’oiseau en question). Il s’avère que ce volatile bien de chez nous mange des plantes contenant du poison et ne pourrait simplement pas nourrir son petit sans le tuer.
Avec plus 300 espèces de colibris, je ne pouvais pas ne pas vous parler du plus petit oiseau en diamètre. Ici, on trouve régulièrement des mangeoires qui leurs sont dédiés et c’est chaque fois un délice de les observer ne pas tenir en place et visiter toutes ces longues fleurs qui ont besoin d’eux. En parcourant ses 22 mètres par seconde, j’ai chaque fois l’impression de voir un vif d’or du monde de Harry Potter me passer devant les yeux. Leur vision est bien meilleure mais à cette vitesse elle n’est pas suffisante pour identifier la nourriture comestible. C’est surtout leur capacité à voir des couleurs fortes voire flashy qui leur permet de prendre la décision d’aller se nourrir sur telle ou telle fleur.
Au final, cette balade m’aura fait découvrir de nombreux chants et de vives couleurs. J’ai désormais avec moi l’application Merlin pour identifier les oiseaux de certaines régions même sans internet, avec photos et chants pour les identifier. Je te laisse profiter de ce que j’ai pu apercevoir ou écouter (non, les photos ne sont pas de moi mais c’est sympa d’y avoir cru un instant).
Chaleur humide et randonnée
Vendredi 20 mai au soir, je rencontre à l’auberge Mathilde, une française qui voyage quelques mois en Colombie. Je lui propose de se joindre à la randonnée que je prévois le lendemain matin pour apprécier le levé de soleil sur un point de vue de 360 à 2h30 de marche. Lancés de bonne heure sur une ascension encore une fois éprouvante pour mes vêtements avec la chaleur, nous sommes rejoint par une chienne que nous baptiserons Fidèle. La vue sur Minca et la côte est assez impressionnante et je suis bien heureux de ne pas m’être perdu avec ma boussole et ma carte hors-ligne.
Plus tard dans l’après-midi après un court repos, je souhaite tenter de voir quelques cascades et piquer une tête avant qu’il ne pleuve. En effet, la veille celle que j’ai visité était brune et le courant de la rivière trop puissant pour s’y risquer.
Après une heure de marche (et la rencontre très proche et inattendue avec un -vrai- serpent corail), nous profitons enfin de cette eau rafraîchissante (ça ne me change pas des douches que j’ai eu jusqu’ici en Colombie à quelques exceptions). Je sens des picotements sur mes pieds et en y regardant de plus près je découvre que des dizaines de poissons sont en train de me faire un gommage poussé et de se délecter d’un dessert français.
Sans s’annoncer, un mal de tête et des remontées gastriques m’assaillent à la sortie de l’eau et je me retrouve en quelques minutes affaibli avec la marche retour qui nous attend. Je lutte pour arriver au bout du chemin et je sens que je perds totalement mes forces. Je m’effondre sur mon lit, enfin. Impossible de bouger sans avoir envie de vomir. Malgré les médicaments que j’ai avec moi et ceux que Mathilde m’a trouvé, je passe ma soirée à vomir et à tenter de dormir pour faire cesser la douleur. Je comprends que je peux oublier mon réveil à 3h30 pour la randonnée du Cerro Kennedy, challenge que je souhaitais me lancer seul. Je considère l’hypothèse la plus probable comme celle d’une intoxication alimentaire (un avocat un peu trop abîmé) combinée à l’effort de la journée. Note à moi-même : les fruits et légumes un peu mûrs et achetés dans la rue, j’éviterai quand je ne suis pas en France.
Remise en forme
Je tente plusieurs fois de me rappeler que je ne suis pas pressé et que je dois me reposer. Tant mieux, il m’aura fallu 24h pour accepter de remanger quelque chose. Le bruit constant et le contexte de la jungle avec cet orage qui n’arrive pas pour adoucir la météo ne m’aident pas à me sentir mieux. Le temps est long et je suis très vite essoufflé sur ce terrain pentu après quelques mètres. Totalement courbaturé, il me semble impossible d’imaginer la grande randonnée que je souhaitais faire.
Je décide de me diriger vers Riohacha, choix totalement inattendu mais justifié par la promesse de faire un détour par le désert de la Guajira sur trois jours avec un projet qui se veut social en me faisant vivre quelques jours avec une famille indigène de l’ethnie des Wayuus.
Le trajet est un peu éprouvant dans mon état avec deux bus à prendre. Impossible de trouver le troisième et je me fais embarquer dans un taxi après quelques négociations sur le prix du trajet. C’est bien étrange pour un français mais au nord du pays, c’est une pratique courante à l’exception de la nourriture et de la boisson, surtout pour éviter le tarif « gringo ».
La ville n’a rien d’extraordinaire à offrir et je ne m’y sens pas en sécurité dans ses rues. Je suis accueilli dans un petit studio loué sur AirBnB pour prendre le temps de me remettre en forme. Accueilli par Doila, je prends deux jours pour moi, sans penser constamment à verrouiller mon casier, sans partager de salle de bain, sans être réveillé par les fêtards dans le dortoir, etc. Un repos physique et mental. Le dernier soir, Mathilde me rejoint pour participer à l’excursion dans le désert le lendemain matin. Finalement en meilleure forme, je suis impatient et curieux de découvrir la Guajira !
Encore un grand merci Mathilde pour ton aide lors de l’intoxication. Ce n’était peut-être pas grand chose à tes yeux mais sur le moment, je t’assure que cela m’a été précieux.
Merci pour le partage de tes rencontres et des beaux paysages ! J’aime beaucoup tes parenthèse historiques. Mais il va falloir te détendre sur les photos de serpents, sinon je ne suis pas sûr de continuer à te lire… (humour – je prendrai sur moi). Hâte de voir tes photos de Jérico si tu as le temps d’y passer, et de découvrir la Guajira à travers tes yeux.
Repose-toi bien,
Besos
Promis, je mets plus d’araignées ! Ça fait bien quelques jours que je n’ai pas vu de serpents ailleurs que dans un vivarium. L’anaconda me faisait bien de la peine dans son petit bocal… J’espère que l’article sur la Guajira te plaira. Zoubi !
Coucou, quelle aventure… tes photos sont magnifiques et le voyage semble merveilleux… (je te remercie de ne pas avoir mis de photos quand tu as été malade ;)) On pense fort à toi ! On te surveille de loin 🙂 Bisous !
Coucou Ginou ! Heureux de te savoir dans les parages à suivre mes petites aventures ! Moi aussi, je pense fort à toi et à toute l’équipe qui me manque souvent ! :)- Des bisous !