Jours 94 à 101 – mercredi 27 juillet à mercredi 03 août – Latacunga, Quilotoa, Chucchilan, Sigchos, Cotopaxi, Quito – Équateur
Romane, Thibault, Alexandre et moi sommes dans le bus pour atteindre le village de Quilotoa au pied du volcan homonyme dont le cratère abrite un lac. La journée commence avec une arnaque réussie de la part des locaux, notre transport n’allant pas du tout jusqu’à Quilotoa il faut prendre un taxi qu’on tente de nous faire payer 15$ (en faisant jouer la compétition, nous arrivons à descendre le prix de moitié). En entrant dans la zone, on tente à nouveau de nous faire payer un droit d’entrée alors qu’aucun site ne le mentionne. Agacés, nous faisons un petit détour à travers champs et commençons notre randonnée.
La beauté du lieu mérite bien de faire de ce trek un des plus remarquables d’Équateur. Le panorama est difficilement prenable tellement le cratère est large. La fraîcheur du temps et le vent réduisent considérablement l’envie d’aller piquer une tête. Nous sommes rejoint par deux compagnons à quatre pattes pour toute la journée et Romane nous dévoile un talent inégalable pour baptiser tout animal avoisinant. Par moments plongés dans les nuages, la brume donne immédiatement un air mystique à notre périple.
Après un barrage de chiens agressifs passé, nous dévalons une falaise au sentier étroit et parfois glissant. Mes genoux en font les frais. Acclimatés à l’altitude, nous avons la chance de faire un trajet principalement en descente qui commence à 3 914 m. Cela empêche tout souci de mal aigu des montagnes.
Après 5h de marche, nous voici arrivés à notre première étape dans le village de Chucchilan où l’objectif est de se réchauffer et de se reposer au coin du feu. J’en profite pour découvrir le volley équatorien qui se joue à 3v3 avec un ballon de football et un filet assez haut empêchant de sauter pour attaquer (je ne plaisanterai pas ici sur la taille des équatoriens). Le lendemain, nous partons de bonne heure pour optimiser les chances de profiter d’une vue dégagée et d’une météo clémente. Au lieu de faire le trajet en trois jours, nous nous improvisons un nouvel itinéraire pour le faire en deux afin d’enchaîner avec une visite du Cotopaxi. Je te mets dans l’ambiance de notre randonnée avec la musique ci-dessous.
Sous un soleil endiablé, nous savourons le chemin aux côtés d’un cours d’eau rafraîchissant face à la chaleur. Thibault et moi terminons en coupant à travers un sentier pentu ayant refroidi Romane et Alexandre qui optent pour le stop. Une fois arrivés à Sigchos, nous épuisons les derniers sandwichs en attendant le bus. J’en profite pour faire l’achat d’un vin de mûres qui s’avèrera un petit délice le soir même rentrés à Latacunga autour d’un repas cuisiné avec amour.
Le trajet ne s’avère pas aussi simple que prévu puisqu’au bout d’une heure, les paysages défilant à la fenêtre de notre transport se figent. Des travaux bloquent la route pour les trois prochaines heures. Commençant à être familier avec les fabulations sur les horaires annoncés, je décide de prendre mon sac et de tenter seul de passer les travaux pour faire du stop. Une énorme tranchée est creusée et coupe la route terreuse. Je demande à la pelleteuse de l’autre côté si elle peut me prendre dans son godet pour passer. Aussitôt dit, aussitôt fait. Me voilà quelques secondes plus tard dans un véhicule de l’autre côté qui me déposera au premier village pour prendre un autre bus en direction de mon auberge. Micro-aventure, immense victoire !
Vendredi, nous voici parti pour le Cotopaxi. Déposés le long de l’autoroute, nous partageons un 4×4 vers l’entrée du parc. Après une nouvelle négociation, nous voilà pour une heure de route à faire un karaoké improvisé après avoir pris possession de l’autoradio du véhicule. Dans les nuages, nous croisons les doigts pour voir le volcan iconique qui ne s’est pas encore découvert malgré sa visibilité depuis Quito ou Latacunga. Encerclé par des plaines désertiques où on peut croiser des ours à lunettes ou des condors, voilà le symbole national qui se dévoile parfaitement devant nos yeux grands ouverts. L’effet trompe-l’œil est conséquent puisque la montagne semble petite au départ jusqu’à arriver sur son flan à un parking à 4 000 m d’altitude.
Notre humble ascension commence. À défaut de payer 235$ pour aller jusqu’au sommet, nous irons au refuge puis nous marcherons jusqu’au glacier. Bien acclimatés depuis Quito, le moindre pas en avant nous coûte néanmoins une énergie démesurée. Je bats ici mon record d’altitude puisque nous franchirons les 5 300 m soit plusieurs centaines de mètres plus haut que toute personne ancrée au sol en Europe. Cocasse ! Et le retour l’est d’autant plus que nous nous amusons avec Alexandre à courir depuis le refuge, malgré le sol poussiéreux semé de pièges en forme de roche volcanique. Si cette étape nous a pris 35 minutes à la montée, elle nous en prend moins de 4 à la descente. Cela donne une bonne idée de l’ambiance bonne enfant de notre troupe.
Parlant majoritairement français depuis un moment, je cherche à rencontrer des locaux et à pratiquer la langue de nouveau. Le soir, je vais prendre un café avec Gabriela qui m’invitera à découvrir un nouveau quartier de Quito célèbre pour ses bars et ses clubs. Après quelques riches discussions autour de délicieux takoyakis, elle m’enseignera quelques pas de danses dans un club où pour la première fois je commence à sentir une différence d’âge face à la foule de lycéens et d’étudiants. J’ai toute la difficulté du monde à m’adapter sur les rythmes des différents types de danses mais passe néanmoins une très bonne soirée.
Le lendemain, je déjeune avec Fernanda avec qui je sympathise rapidement et que j’invite à gagner notre troupe qui se rend au défilé de la Gay Pride. Nous sommes rejoint par Maxime et Emilia et ferons également la rencontre d’un jeune photographe équatorien, Alvaro. La parade se termine pour laisser place à un concert ouvert dans le plus grand parc de la capitale. Durant ce moment fédérateur, notre énergie et nos enfantillages attireront bien des regards curieux et quelques sourires. Loin de parier dessus vu la motivation de mes camarades, je serai finalement le dernier à danser ce soir-là.
Les jours suivants sont plus calmes et rythmés par les moments partagés avec les membres du groupe. Notre départ de la ville est reporté par l’opportunité de faire de la figuration pour une publicité sur deux jours, offre bienvenue pour le portefeuille. Loin de l’imaginer, je me retrouve donc à nouveau sur un tournage. Cette fois de l’autre côté de la caméra. Je constate que ce monde ne me manque absolument pas et que je suis très heureux aujourd’hui à travailler dans le domaine de la transition écologique. En discutant avec les directrices de casting, elles m’évoquent les soucis que posent l’absence de représentation des équatoriens, principalement de racines indigènes, dans les médias. Je me sens un peu triste d’y participer et je relativise en me disant que je ne pense même pas être identifiable dans le produit final.
Il est temps de partir ! Malgré sa dangerosité engendrant une prudence énergivore, Quito m’aura laissé un bon souvenir. Ses journées au format des quatre saisons auront été rythmées par de nombreuses visites et rencontres. Fernanda, Romane, Thibault, Alexandre et moi nous rendons à l’est à l’entrée de la forêt amazonienne à Tena où nous sommes invités dans une communauté indigène avec la « promesse d’une expérience inoubliable » au sein des kichwa. Alléchant, non ?