Jours 5 à 7 – Colombie – Bogotá
Vendredi 29 avril, je découvre un quartier populaire de Bogotá : la Candelaria. Beaucoup de monde, des tas de commerces et d’étalages plus ou moins improvisé, tout est fait pour attirer l’œil et répondre à la curiosité du touriste classique : bijoux, posters, lunettes de soleil, mets locaux, déguisements, musiciens… D’autres sont plus originaux : vente de produits médicinaux à base de marijuana ou de coca, de stickers, d’anciens comics ou d’accessoires pour animaux de compagnie, lecture de cartes… Difficile de faire quelques mètres sans être interpellé.
Avec mes 183 cm, mes yeux verts, ma peau claire et mon look de baroudeur, difficile de passer inaperçu. Je vois que les regards sont soutenus quand je marche dans la rue. On se demande un peu ce que je fais là, on me propose de l’aide, un sourire ou plus souvent, quelques deniers. La demande peut être polie comme très insistante voire inquiétante. J’ai toujours sur moi du cash facilement accessible en cas de racket et des espèces cachées à droite à gauche pour ne jamais tout perdre d’un coup et pouvoir rebondir mais j’espère ne pas avoir à vivre cette expérience, malheureusement monnaie courante face à la précarité ambiante et dans un contexte de tension supplémentaire (2 millions de réfugiés vénézuéliens, COVID, protestations régulières, élections présidentielles fin mai…).
J’apprends donc à rester vigilant en permanence, à suivre quelques règles de bonne conduite en plus du B.A.BA du voyageur à garder en tête : ne pas sortir son téléphone dans la rue, éviter une rue sans personne et de marcher seul, demander un prix avant d’acheter, négocier, prendre un VTC une fois la nuit tombée même pour quelques mètres et le faire attendre que la personne soit rentrée chez elle si on voyage à plusieurs, éviter certains quartiers… Bref, une forme d’exotisme dont on se passerait bien.
La nuit tombe vite ici. A 19h, je rejoins la fille d’Aracely, Sofia, pour aller danser. J’ai hâte de mettre en application mes quelques cours de salsa mais surtout de découvrir d’autres danses. Sur place, au Palenque Tropical House, nous sommes un petit groupe : Sofia, Tatiana, Valentina et David ; très vite rejoint par plus de monde, le groupe fini par se composer d’une vingtaine de personnes. Et même si tout le monde va dépenser sur la soirée plusieurs centaines de calories et apprécier un contact humain rappelant la ligne 13 à Paris un lundi matin (sans l’odeur), personne ne pense à boire… Je pourrais dire de l’eau mais chose curieuse même l’alcool est peu consommé. La majorité du groupe se partage une bouteille de vodka sur la soirée soit l’équivalent de 2-3 petits shots. En Colombie, pas question de boire l’eau du robinet ; à l’exception de Bogotá selon certains avis. La majorité des personnes boivent donc des chocolats chaud, des cafés (très) allongés, des infusions et parfois une bière. J’ai véritablement l’impression d’être un chameau à boire de l’eau en permanence.
J’ai fait une digression ? Je reviens donc aux danses latines. Au programme : merengue, salsa, bachata, reggaeton et bien d’autres… Chacune de mes professeures prend le temps de m’expliquer sous 110 dB les pas de bases. Je réalise que ma salsa cubaine ne va pas me servir à grand-chose ici. Je dois davantage ressentir la musique que pratiquer mes passes. Je suis heureux qu’on m’ait prêté des chaussures de ville quand mes chaussures de randonnées accompagnées de mon adresse naturelle risquent de briser des orteils. Agréablement déconcerté par la capacité de tout le monde à offrir des sourires et des regards, à danser collectivement et à chanter en même temps, je suis aussi surpris de la sensualité des danses, parfois excessive à mes yeux (oui, quand un gars se frotte à une demoiselle en la penchant en avant pendant plusieurs minutes, mes yeux ont envie de se détourner de la scène).
Samedi 30 avril, immersion exceptionnelle dans la culture colombienne. Je suis convié à une célébration qui a autant d’importance qu’un mariage. La nièce de ma belle-sœur Maria fête ses quinze ans. Ici, c’est pour la femme une fête importante même si la tradition se perd. On ouvre le bal sur une valse avec la demoiselle et tout le monde est convié à danser avec elle, l’un après l’autre. On continue alors avec bien d’autres danses (alors énorme surprise mais la Macarena ici c’est populaire chez les jeunes alors qu’à mes yeux c’est illégal dans une soirée), quelques discours et bien sûr le gâteau.
Pour continuer l’immersion, je profite d’une journée ensoleillée le dimanche (chose rare à cette saison dans la ville qui a des airs de mois d’octobre parisien) pour me percher en hauteur vers le mirador La Candera et observer la ville. Je partage avec Joselin, Aracely et Andres, son troisième enfant et futur architecte réputé, un arepa et un chocolat chaud avec dedans… du fromage. Rassurez-vous, je ne parle pas d’un bon gros St-Nectaire coulant mais plus d’un fromage très doux qui apporte surtout une texture assez particulière à la boisson. Devant les yeux amusés de mes hôtes, je tente l’expérience (à ne pas reproduire à la maison, cette expérimentation a été réalisée par des professionnels dans un cadre réglementé). Allez, ça passe ! Ce n’est pas mauvais même si mon cœur appartient à la banane plantain. Enfin, pour conclure cette belle journée, quoi de mieux de se laisser tenter par une toile ? C’est aussi ça, l’immersion !
Géniales toutes ces rencontres. Tu vas nous apprendre plein de nouvelles danses à ton retour. Profite bien mon JB
Coucou !
Je prends du retard à ne pas lire les choses régulièrement, j’en suis donc à ton immersion et tes découvertes gustatives et autres. A ce stade tu sembles totalement épanoui et ça fait plaisir à voir !
Je vais poursuivre ma lecture au gré de mes dispos et je te remercie vivement de nous partager avec autant de précision toutes tes aventures. Bises Laurence
Salut Laurence ! Heureux de te savoir de passage sur le site et que le contenu te plait ! Des bises !